Depuis quinze jours, ce majestueux oiseau au plumage noir, a élu domicile dans le cadre accueillant de la pisciculture Gassie à Bruges.

Pour autant, il ne faut pas croire qu’elle se sert impunément dans les bassins de truites à l’image du héron, qui fait preuve de moins de tact et de préjugés.

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Non, cette cigogne là se contente de quelques poissons morts qui lui sont offerts quotidiennement ; pour le reste, elle se plait à plonger le bec dans les eaux du canal, à proximité du moulin. Dans la journée, pas farouche, elle utilise la cheminée de la maison familiale comme reposoir et observatoire ; l’activité qui règne autour ne semble pas l’émouvoir. La nuit, suivant son instinct naturel, elle regagne les branches d’un arbre tout proche.

Renseignements pris auprès des frères Saint Pie, fondateurs du zoo d’Asson et spécialistes de faune sauvage, sa présence ici peut s’expliquer puisque notre région est traversée par des couloirs de migration.

Le hasard faisant bien les choses, Olivier Morvan, cinéaste animalier et ami de la famille Saint Pie, a eu l’occasion d’observer et filmer les cigognes noires : ses précisions sont particulièrement intéressantes. Nous sommes ici en présence d’une jeune cigogne, probablement de l’année. Elle a encore le bec et les pattes noires qui vont devenir rouges à l’âge adulte. On recense actuellement 20 couples nicheurs dans l’est de la France alors que l’espèce avait pratiquement disparu. Pour lui, il n’est pas étonnant de trouver ici un individu isolé en cours de migration vers l’Afrique Centrale. Ce qui est plus étonnant, voire paradoxal, c’est son comportement : plus sauvage et craintive que sa cousine blanche qui niche sur les cheminées, la cigogne noire niche en forêt ; les cimes des arbres lui servant de refuge.

La cigogne noire de Bruges devrait donc logiquement reprendre le cours de son long voyage, à moins que le gîte et le couvert l’incitent à une halte prolongée.